De la nécessité d'une codification consensuelle des produits pharmaceutiques : Etat des lieux et perspectives.

Contribution du Dr. LALAYMIA Youcef : À l’heure où le Ministère de la Santé de la Population et de la Réforme Hospitalière ambitionne de doter les établissements publics de santé d’un système de gestion informatisé à même d’offrir un outil efficient d’analyse et de contrôle, il est nécessaire d’adopter des normes consensuelles qui régiraient les procédures relatives à la gestion des produits pharmaceutiques, notamment en ce qui a trait à l’harmonisation de la nomenclature de ces produits et leur codification. À l’heure actuelle, force est de constater que la « saisie » des informations relatives à la gestion des produits pharmaceutiques est effectuée de manière non standardisée et sujette à l’introduction d’un nombre important d'erreurs (désignation d'un article, code, lot, date de péremption, producteur, etc.). L'apparition d'erreurs dans la base de données imposerait le recours à des actions correctives et préventives dont la tenue est à la fois contraignante et chronophage. Plus grave encore, ces erreurs biaisent à la source les données, freinant la pertinence et la portée d'une comptabilité analytique, tant à l’échelle d’un établissement qu’à une échelle nationale. L’apparition d’erreurs dans la saisie des informations et l’incapacité de certains établissements à travailler en temps réel, sont, en partie, imputables d'une part, à l’absence d’un référentiel national relatif à la codification et la désignation des produits pharmaceutiques et d'autre part, au statut même du personnel chargé de la saisie. Ce dernier est souvent constitué par des « agents » dont les connaissances en matière de produits pharmaceutiques ou leur gestion sont médiocres, voire nulles. L’utilisation du logiciel 3COH, devrait être incluse à l’activité quotidienne du personnel responsable de la gestion des produits pharmaceutiques (pharmaciens, préparateurs en pharmacies, etc.) et non être considérée comme une opération parallèle au fonctionnement des pharmacies. Pour ce faire, il est impératif d’offrir aux concernés, un cadre (réglementation, référentiel national) et des outils (aménagements des espaces, postes de travail, etc.) pour permettre l’émergence d’un circuit sécurisé où une information fiable évolue en même temps que des produits pharmaceutiques dûment identifiés. Concrètement, il faudrait attribuer en un premier temps et de manière systématique, un code unique et univoque à chaque produit pharmaceutique. Ce code porterait en lui toutes les informations permettant d’identifier le produit (désignation, caractéristique, lot, date de péremption, etc.) et son producteur. Une fois adoptée par l’ensemble des intervenants dans le circuit des produits pharmaceutiques, cette codification constituerait un langage commun et normalisé dans tout échange numérisé d’information. Une deuxième étape consisterait à inscrire ce code sous forme d’un code-barres sur les unités de dispensation des produits pharmaceutiques. Le recours à des outils de lecture de ces codes-barres remplacerait la « saisie » classique des informations. Cela aurait pour effet immédiat : Une réduction de la survenue des erreurs liées à la saisie (code, nom, lot, date de péremption), toutes ses informations étant portées de manière intrinsèque par le code et non reportées sur le logiciel par un individu (sujet à l’omission, à l’erreur ou à la négligence) à partir d’une pièce justificative (bon de commande, facture, bon de livraison, etc.). Un gain de temps considérable, tant dans l’alimentation de la base de données du système que dans la gestion quotidienne des produits pharmaceutiques qui constituerait une seule et unique opération. Rendre la tâche d’« agents de saisie » caduque ce qui libérerait une ressource importante pour effectuer des tâches moins « contraignantes » et plus adaptées à leurs profils/statuts. Pour conclure, une gestion de qualité des produits pharmaceutiques demeure tributaire de l’usage systématique des outils modernes qu’offre le logiciel 3COH. Toutefois, il est difficile d’envisager l’émergence d’une gestion informatisée, fiable et maîtrisée, sans que l’on porte une réflexion approfondie et des actions adaptées aux anomalies et lacunes qui minent la gestion quotidienne des produits pharmaceutiques, à travers l’adoption d’un cadre réglementaire mûri, des normes consensuelles et des moyens logistiques à la hauteur des enjeux sanitaires et financiers.  

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